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Télémonitoring des patients au bénéfice d'une thérapie CPAP pour leurs apnées du sommeil

Intérêt du télé-monitoring dans la mise en place et le suivi de la pression positive continue (CPAP) pour la prise en charge des patients atteints d’un syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil (SAOS): étude randomisée contrôlée.

La Ligue pulmonaire genevoise (LPGE) et la Haute école de santé Vaud (HESAV) ont mené, au cours de l'année 2019, une étude destinée à évaluer l’utilisation du télé-monitoring lors de la mise en place et du suivi à une année d’un traitement par pression positive continue (thérapie CPAP) chez les patients atteints d’un syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil.

Le nombre de traitements par CPAP du SAOS est toujours plus important. L’utilisation du télé-monitoring lors de l’initialisation de la thérapie pourrait faciliter la mise en place du traitement et le suivi au cours des 12 premiers mois. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’adhérence à la CPAP et l’effet du traitement par des questionnaires après 12 mois de suivi. Le temps consacré à la prise en charge des patients par l’équipe soignante a également été évalué.

 

120 patients avec un index d’apnées hypopnées (IAH)1 >15/h ont été pris en charge aléatoirement soit de manière usuelle), soit par le recours au télé-monitoring. Le groupe standard (GS), après la mise en place du matériel, a vu sa titration (période d'équipement initial au moyen de l'appareil et de ses accessoires) effectuée par des RDV physiques (présentiels), alors que le groupe télé-monitoring (GT), après la mise en place du matériel, n’a ensuite bénéficié que de contacts téléphoniques avec l'équipe soignante (en parallèle à la prise de connaissance, à distance, des données fournies par l'appareil). En cas de problèmes liés à leur traitement, les patients du GT pouvaient à tout moment prendre un rendez-vous avec le personnel soignant.

 

Les patients ont été inclus dans l'étude entre janvier 2017 et février 2018 et ont été suivi jusque février 2019. Les deux groupes ont bénéficié d'un premier rendez-vous en face à face avec un soignant spécialisé dans la thérapie CPAP au moment du lancement de la CPAP. Au cours du mois suivant, 2 autres visites physiques étaient programmées dans le groupe standard tandis que 2 consultations téléphoniques étaient prévues dans le groupe télémonitoré, au cours desquelles les paramètres de la CPAP étaient adaptés à distance. Des visites physiques supplémentaires étaient programmées à la demande du patient. Des consultations en face à face ont été programmées à 3 mois et 12 mois après le début de la CPAP. L’évaluation principale était l'utilisation quotidienne moyenne de la CPAP sur une période de 12 mois.

 

5 patients sur 120 ne se sont pas présentés à la première visite de suivi et ont été perdus de vue. Chez les 115 participants restants, les paramètres de la CPAP et l'efficacité du traitement (somnolence diurne et dépression) n'ont pas différé entre les groupes à aucun moment. Vingt patients sur 58 ont arrêté le traitement dans le groupe standard contre 14 sur 57 dans le groupe télémonitoré (p=0,24)2. Dans l'analyse par protocole, l'utilisation quotidienne moyenne (95%CI) de la CPAP parmi les 86 patients utilisant encore l'appareil à 12 mois était de 279 (237 - 321) minutes chez les 38 patients du groupe standard et de 279 (247 - 311) minutes chez les 43 patients du groupe télémonitoré, sans différence significative entre les deux groupes. Le temps total de consultation par patient n'était pas différent entre les groupes, groupe télémonitoré : 163 (147 - 178) min, groupe standard : 178 (159 - 197) min, sans différence significative entre les deux groupes.

 

Les résultats de l'étude visent donc à montrer que l'’utilisation du télé-monitoring lors de la mise en place du traitement par CPAP lors du SAOS n’impacte pas l’adhérence des patients au traitement, et semble avoir la même efficacité qu'un suivi présentiel. Le télé-monitoring ne semble pas diminuer la charge de travail du personnel soignant; en revanche, il évite des déplacements aux patients. L’utilisation du suivi à distance peut donc avoir une place intéressante dans la prise en charge par CPAP des patients atteints d’un SAOS. Cela peut permettre une organisation différente des équipes soignantes, et peut augmenter le confort des patients en diminuant significativement leurs déplacements pour des consultations. 

  1. L’IAH (Indice d’Apnée Hypopnée) est un indicateur qui permet d’évaluer le degré de sévérité du Syndrome d’Apnées Hypopnées Obstructives du Sommeil

  2. Une probabilité p qui a une valeur > à 0.05 signifie que l’on n’a pas de différence statistique entre les deux groupes analysés. 

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